D’anciennes parcelles de cultures sèches sont ici parsemées de dizaines de trous allant de 15 à 20 mètres de profondeur et de tonnes de déblais, donnant au paysage un aspect martien. Ces trous sont reliés entre eux par des galeries afin de suivre les filons et de faire circuler l’air. Les paysans creusent et trient la terre avec les moyens du bord : pas de produit chimique nocif pour l’humain et l’environnement. Les retombées environnementales semblent minimes, et l’impact négatif réel sur le paysage est compensé par une hausse significative du revenu des ménages.
Les mines artisanales à Ilakaka, quant à elles, vont jusqu’à 25 mètres de profondeur. Le risque d’éboulement rend ces exploitations dangereuses, mais la possibilité de trouver une pierre exceptionnelle qui les rendrait millionnaires motive les jeunes malgaches à descendre. Les femmes et les enfants n’y sont pas autorisés, mais peuvent aider au tamisage du gravier. Comme l’a dit Aina, un jeune mineur que nous avons croisé : « aller dans ces mines, ça donne l’espoir ; l’espoir d’être riche un jour si je travaille beaucoup »
Nous nous sommes ensuite rendus dans les environs d’Ilakaka afin de voir de plus grosses exploitations. Le procédé est le même au départ : un trou creusé afin de ramener le gravier à la surface, le nettoyer et le trier. Une fois le filon trouvé, on « élargit » le trou pour accéder plus facilement à la couche gemmifère. Comme pour la manière artisanale, aucun produit chimique n’est employé, à l’exception de l’essence pour les gros engins. Les pierres sont nettoyées et triées à l’eau par densité. Les mineurs sont employés à la semaine ou au mois, le salaire allant de 300 000 à 1 million d’ariarys (80 à 260 euros) par mois suivant le poste occupé (le salaire minimum étant de 155 000 ariarys – 40 euros – par mois), plus les primes en fonction des pierres trouvées. Les mineurs peuvent aussi être « sponsorisés ». Un investisseur leur paye le matériel, le toit et la nourriture, contre un premier droit de regard sur les pierres trouvées dans la mine. Les conditions de travail sont plus sûres que dans les mines artisanales, mais ils n’auront jamais la possibilité de tomber sur la pierre qui les rendra riche. Ce genre de mines est donc plus généralement choisi par les mineurs qui doivent avoir un revenu régulier pour nourrir leurs familles.