La stabilité de la couleur du Padparadscha

L’instabilité de la couleur du saphir Padparadscha remet-elle en cause son appellation ?

Très recherchée et convoitée, cette pierre d’exception doit mériter son appellation, qui, si elle est obtenue, change significativement sa valeur.

La pierre doit être d’un rose-orangé harmonieux pour recevoir la qualification de Padparadscha, mais pour l’un des laboratoires de gemmologie ce n’est plus suffisant. Désormais il faut prendre en compte le test de la stabilité de la couleur. Cette subtilité est parfois source de désaccord parmi les acteurs du monde de la joaillerie.

Nous avons voulu éclaircir ce sujet pour vous.

En effet, il n’existe pas de règle qui régit la manière d’analyser les gemmes, chaque laboratoire est libre d’instaurer son propre process d’analyse de gemmes. Ainsi, le SSEF applique le Fading Test, pour mesurer la stabilité de la couleur.

 

Si le Fading Test met en évidence une couleur hors de la gamme des couleurs de référence, la pierre ne sera pas éligible au statut de Padparadscha. A ce jour, la majorité des laboratoires ne pratiquent pas ce Fading Test.

 

Comme nous le précise le Laboratoire Français de Gemmologie l’appellation Padparadscha est une dénomination commerciale et non une espèce minéralogique. Le comité scientifique du LFG souhaite se réunir pour débattre de ce sujet de la stabilité de la couleur.

 

Il est important de rappeler que la cause de la couleur est due à des éléments colorants présents dans la gemme. Le Padparadscha naît d’une couleur rose-orange ayant la particularité de présenter parfois une instabilité de sa couleur. Le rose provient de la présence du Chrome et le jaune du Fer. A cela s’ajoute l’existence de centre coloré à trou, qui signifie un défaut dans la structure atomique de la pierre. Ce dernier élément est vraisemblablement responsable de l’instabilité du Padparadscha.

 

Par ailleurs, le Padparadscha ne réagit pas toujours de la même façon selon son environnement. Si la pierre est fortement exposée à la lumière du soleil, la couleur jaune s’intensifiera. La pierre reprendra sa couleur initiale quelque temps après. Si la pierre est exposée à une lumière halogène, la réaction sera inverse, la couleur jaune pâlira.

 

Est-il juste de juger de la couleur d’une pierre suite à sa réaction sous une lumière artificielle ? Ne devrait-on pas s’en tenir à la couleur que lui a donné la lumière naturelle ?

 

 

*Nous aimerions remercier M. Smith du Laboratoire AGL pour ses conseils d’expert. Nous aimerions également remercier le laboratoire LFG et le professeur Marie-Laure Cassius Duranton.

*Définition d’un centre coloré à trou :
Un centre coloré est un défaut dans la structure cristalline absorbant la lumière. Un centre coloré à trou résulte de l’expulsion de l’électron de son orbitale d’origine, provoquée par une irradiation, engendrant une lacune dans la structure cristalline. Le déplacement de cet électron modifie la couleur d’origine de la gemme.

L’appellation Padparadscha vient de la couleur du rayon du soleil levant au travers d’un pétale de la fleur de lotus et signifie « Fleur de Lotus » en cinghalais.

*Nous remercions le Président  Mr. Christopher P.  Smith du Laboratoire Américain de Gemmologie pour ses conseils,  toute l’équipe du Laboratoire Français de Gemmologie ainsi que le professeur Marie-Laure Cassius Duranton et le laboratoire SSEF pour nos échanges.