Derniers records aux ventes aux enchères

On reproche souvent au marché des pierres de couleur son opacité totale.

 

Alors qu’il existe une littérature abondante sur le diamant, accessible sur internet, avec des études de marché sectorielles, des bourses organisées, un indice de prix de référence (dérivé de la liste Rapaport), les pierres de couleur seraient réservées aux initiés avec des critères de valorisation perméables à une certaine « subjectivité », et résistant à toute tentative de pleine intelligibilité pour quelqu’un d’extérieur au métier.

Nous pensons que c’est faux et aimons le démontrer. S’il existe une source d’information objective et publique qui donne une vraie transparence de prix de marché pour les pierres de couleur, ce sont évidemment… les enchères !

Leur valeur ajoutée est d’ailleurs très largement liée à leur publicité, et à l’ « efficience » de marché qu’elles contribuent à améliorer, non seulement au niveau de la fixation des prix, mais également au niveau de la liquidité.

 

Encore faut-il être capable de rattacher un prix à une qualité. C’est tout le travail d’expertise et d’évaluation des lots qui entre en jeu.

 

Nous avons observé les grandes ventes organisées par les maisons Christie’s et Sotheby’s depuis le début de l’année 2017. Le périmètre de notre étude est déterminé par les critères minimaux d’éligibilité pour notre standard de qualité : les saphirs et les rubis sont naturels non chauffés, les émeraudes sont non huilées ou huilées mineures. Seuls les lots qui ont trouvé preneur ont été retenus.

 

Par ailleurs, nous précisons d’emblée que nous ne ferons pas ici d’analyse comparative historique qui soulignerait une orientation de marché.

Au niveau de la répartition, le saphir concentre toujours la majorité des lots (58%).

 

Nous constatons également que certaines origines (Madagascar pour les saphirs, Brésil/Zambie/Afghanistan/Pakistan pour les émeraudes, Mozambique pour les rubis) ne sont pas ou très marginalement représentées, malgré la qualité qu’elles peuvent produire.

Enfin, au niveau du prix au carat moyen, le rubis birman (124,580 $/ct) devance le saphir Cachemire (72,495 $/ct), et l’émeraude de Colombie (47,742 $/ct) complète le podium. Au niveau du saphir, nous relevons que le birman se paye en moyenne 2,1x le ceylan.

 

Si nous nous intéressons maintenant aux 3 lots les plus importants dans chaque catégorie, nous obtenons le substrat suivant :

Nous en tirons les highlights suivants :

  • Généralement, ce sont les émeraudes no oil et les rubis birmans non chauffés de grande qualité qui suscitent l’appétit du marché.
  • Au niveau du saphir Cachemire, nous avons vu beaucoup de matière moyenne (manque d’intensité de couleur, cristal flou, zonations de couleur, inclusions etc), qui ont fait de « petits » prix dans la zone des 40-50k $/ct. Les belles matières ont toutes allègrement dépassé les 100k $/ct, et se sont positionnées dans la fourchette 130-160 k $/ct pour les lots les plus sélectifs.
  • Certains très grands saphirs birmans sont partis à des prix qui nous ont semblé forts. Un 47,63ct à plus de 50k $/ct, qui nous semblait sursaturé en couleur, et un 24,50ct qui toise les 40k $/ct malgré ses soies iridescentes.

 

Nous avons eu enfin trois coups de cœur :

    • Prix marteau : 112 k $/ct
    • Prix marteau : 179 k $/ct
    • Prix marteau : 102 k $/ct

 

Dernière nouvelle (20 juin 2017) : l’émeraude Rockfeller a été vendue hier à New York chez Christies, au prix de $5,511,500, établissant ainsi un nouveau record mondial de prix au carat : 305 000 $/ct. En savoir plus.