Nous avons étudié l’évolution du prix de vente des émeraudes de Colombie dans les grandes ventes aux enchères sur une période de 15 ans, en isolant notamment le comportement des lots ayant réalisé le prix marteau le plus élevé (5 lots par année).
Sur le graphique ci joint, il est aisé de constater une forte progression de la moyenne des prix : autour de 10% par an. En considérant les 5 lots les plus qualitatifs sur l’année, la croissance est plus importante encore et se situe autour de 15% par an.
Nous observons également que cette surperformance des émeraudes de grande qualité s’accentue dans le temps, et que la corrélation entre les deux courbes diminue, notamment à partir de 2011.
Le graphique peut être découpé en trois phases (nous sommes bien dans les inclusions caractéristiques de l’émeraude colombienne…). Entre 2001 et 2005, les courbes sont proches et le prix moyen de vente au carat se situe entre 15,000 et 20,000 $/ct. Entre 2006 et 2010, les prix des émeraudes d’exception progressent significativement pour se positionner autour de 50,000 $/ct, alors que les ventes globales moyennes sont en deçà de 30,000 $/ct. Dans les deux cas, on voit très bien l’impact de la crise financière de 2009, suivie d’un immédiat redressement en 2010. Les courbes continuent d’évoluer de manière assez synchrone même si la courbe des émeraudes de grande qualité progresse beaucoup plus vite. A partir de 2011, le prix moyen des 5 lots les plus élevés franchit allègrement les 100 000 $/ct, et le prix moyen des ventes totales se fixe entre 35,000 et 40,000 $/ct.
Allons plus loin dans l’analyse de ces évolutions.
D’une part, on voit que le marché accepte de payer une prime de qualité de plus en plus importante pour les biens exceptionnels. D’autre part, on constate que le marché de la grande rareté suit une évolution propre, moins corrélée à l’évolution du reste du marché.
Au sujet de l’offre, on constate naturellement une pénurie d’émeraudes non huilées, avec un caratage important (souvent supérieur à 10 ct) et une matière dite « vieille mine ».
Au sujet de la demande, les acheteurs se montrent de plus en plus sélectifs et avertis dans la détection et dans la valorisation des grandes pierres, aidés par les nombreuses caractéristiques données par les laboratoires de certification. La concurrence pousse les prix à la hausse.
Il y a enfin un paramètre important : les grandes maisons d’enchères canalisent de plus en plus, et médiatisent de mieux en mieux, les grandes ventes, favorisant l’émergence de transactions records (aujourd’hui établie à 162,000 $/ct pour une émeraude de Colombie, ce qui n’est pas le record absolu pour une émeraude), et poussant grands vendeurs et grands acheteurs à se rencontrer.
A condition d’être bien conseillé, la détention d’une grande pierre peut être un excellent investissement.
