Les émeraudes « vieilles mines »

Il existe une confusion entre les émeraudes de Colombie et les « old mines » qui ornent les trésors des Maharajahs. Quelles sont les émeraudes appelées communément « vieilles mines » et d’où viennent-elles ?

Au milieu des années 70, des géologues russes ont découvert des émeraudes en Afghanistan.

Au Pakistan voisin s’étend un gisement  dans la vallée de Swat sur une trentaine de kilomètres allant de Mingora jusqu’à Bar Kotkai au nord. Le géologue français Pierre Carrel – expert à l’ONU – a d’ailleurs pensé qu’il  pouvait s’agir d’une formation commune d’émeraudes. Cependant après analyse des échantillons, il s’est avéré qu’il y avait bien un nouveau gisement en Afghanistan dans la vallée du Panshir.

Avec cette découverte, se pose la question de l’origine des émeraudes « vieilles mines » ornant les trésors des Hindous.

En effet cette découverte n’est pas sans rappeler la description de Théophraste en 314 av-JC dans son traité des pierres, premier ouvrage du genre. « Les émeraudes dont on se sert pour orner les coupes et autres vases d’or viennent de la Bactriane vers le désert ; on y va à cheval pour les chercher au temps des vents étésiens ou des vents d’est annuels : on les voit dans ces temps-là parce que les sables sont agités avec violence par ces vents ».

Alexandre le Grand, dont Théophraste était le précepteur à la cour de Macédoine, avait remonté la vallée du Panshir en 329 av-JC et était passée à quelques kilomètres des mines. Ceci expliquerait la présence d’émeraudes dans les trésors hindous dès l’an 1000.

D’autre part, les émeraudes de Colombie tout comme celles du Panshir ont des inclusions 3 phases et des caractéristiques très similaires dues à une formation géologique semblable.

Mais les mines de Colombie n’étaient pas encore connues en l’an 1000. La mine de Chivor fut exploitée à partir de 1545 par les Conquistadors puis Muzo en 1594. Or la dynastie des grands moghols pris son essor en 1526.

En 1998, Gaston Giuliani  (directeur de recherches CNRS) a pu identifier de manière certaine l’origine des émeraudes grâce à l’analyse des isotopes d’oxygène. Mais malheureusement, il n’a pas été possible jusqu’ici, d’analyser une émeraude historique confirmant cette supposition.

Il est cependant intéressant de noter que le record de prix de vente des émeraudes est détenue par une pierre de 10.11 ct d’Afghanistan, à 225 000 $/ct, fin 2015.

Emeraude, 3.77 ct. Maison Piat