Huilage, résinage : comment s’y retrouver ?

L’émeraude est une pierre appréciée pour ses « jardins », mais ses inclusions sont blanchâtres et peuvent altérer la couleur générale de la pierre. Le remplissage des fissures par de l’huile et / ou de la résine va atténuer ces inclusions. Cette technique d’embellissement par l’huile est connue depuis Pline l’Ancien, il y a plus de deux millénaires.

Au risque de surprendre certains, un remplissage avec de la résine n’est pas considéré comme un traitement.

Cependant, si l’huile est colorée ou si le remplissage est visible en surface à la loupe de grossissement x10, il s’agira d’un traitement.

Selon les pays, les agents de remplissage peuvent différer. Par exemple, en Inde, on emploie l’huile Joban qui malgré sa couleur verte ne modifie pas la couleur (cela reste un traitement au regard de la loi puisque l’huile est colorée).

L’huile de cèdre dont l’indice de réfraction est proche de celui de l’émeraude, 1.512, est appréciée pour sa viscosité qui permet une meilleure tenue dans les givres. Parmi les agents de remplissage, il y a des résines synthétiques comme l’opticon, apparue dans les années 80 au Brésil dont l’indice de réfraction est de 1.545. Rappelons que l’indice de réfraction de l’émeraude se situe entre 1.577 et 1.583. Toutefois, d’autres huiles ont été utilisées comme l’huile de paraffine (IR 1.478) ou l’huile de sésame (IR 1.474). Certains ont même mis au point des mélanges, dont les compositions sont tenues secrètes comme L’ExCel. C’est l’alliance d’une résine époxy et d’un durcisseur.

La proximité des indices de réfraction entre l’agent de remplissage et l’émeraude sert à éviter toute déviation du rayon lumineux dans la pierre. C’est très important car la France est le seul pays au monde à avoir une législation concernant le traitement des pierres ; en témoigne le décret n° 2002-65 du 14 janvier 2002 relatif au commerce des pierres gemmes et des perles dont voici un extrait.

 

Article 2 

Est complétée par la mention « traité » ou par l’indication du traitement, sous réserve des exceptions prévues à l’article 3 ci-après, la dénomination des pierres gemmes, matières organiques, perles de culture et perles fines qui ont subi, selon le cas, un traitement par irradiation, par laser, par colorant, par diffusion en surface, par emplissage, éventuellement à titre de résidu d’un traitement thermique, de matières étrangères incolores solidifiées dans les cavités extérieures qui présentent des ruptures de réflexion visibles à la loupe de grossissement 10 fois, ou par toute autre méthode de laboratoire modifiant leur apparence, leur couleur ou leur pureté.

Article 3 

L’apposition de la mention  » traité  » ou l’indication du traitement n’est pas obligatoire pour les pierres gemmes, matières organiques, perles fines et perles de culture ayant subi les pratiques lapidaires traditionnelles suivantes :

– une imprégnation par une substance incolore fluide ;

– un traitement thermique, sous réserve que les éventuels résidus de chauffage en surface ne provoquent pas de rupture de réflexion visible à la loupe de grossissement 10 fois ;

– un blanchiment sans adjonction de produits colorants ou de vernis.

Soyons clairs, même si la substance incolore fluide évoquée dans l’article 3 du décret est solidifiée, l’émeraude ne sera pas considérée comme traitée. Ceci peut expliquer une différence de prix. Si deux pierres ont des caractéristiques similaires et l’une d’elles est moins onéreuse, il faudra regarder le nom du laboratoire qui l’a certifiée. Comme tous ne décrivent pas la nature du remplissage, il est possible qu’il y ait une résine incolore avec un agent de solidification.

Au niveau international, le LMHC (Laboratory Manual Harmonisation Committe) a harmonisé les nomenclatures de quantification du remplissage  développées par les laboratoires à laquelle ces derniers peuvent se référer. Ceci reste une suggestion et non une obligation.

 

Les laboratoires français et le SSEF font la distinction entre résine et huile. Quant au laboratoire suisse Gübelin, il se réfère aux normes émises par le LMHC mais ne distingue pas l’agent de remplissage tout comme le GRS.

Pour conclure, n’oubliez pas de certifier vos émeraudes après chaque huilage pour que le certificat soit actualisé.

Emeraude, minor oil

Crédit: Laboratoire Français de Gemmologie

Emeraude, huile modérée

Crédit: Laboratoire Français de Gemmologie