L’atelier Piat prend la parole

Nous vous ouvrons les portes de notre atelier le temps d’une interview avec nos lapidaires. Nuon, Léa, Liselotte et Phrom partagent leurs expériences et leur vision du métier.

 

Comment êtes-vous devenus lapidaire ?

Nuon : Je suis issue d’une famille de lapidaire, j’adorais écouter les récits de mon grand-père, les pierres me faisaient rêver. Chez nous ce métier est plus qu’un travail, c’est une culture. Après des études orientées vers les Arts et les Langues, j’ai voulu prolonger l’héritage de ma famille et je suis fière d’avoir perpétué la tradition.

Léa : Je me suis reconvertie professionnellement à ce métier, désormais j’ai la chance de faire ce que j’aime tous les jours. Ma philosophie est de réaliser mes rêves et de m’en donner les moyens.

Liselotte : J’ai découvert le métier de lapidaire pendant mes études de gemmologie, j’ai eu l’opportunité de m’initier à Madagascar, j’en garde un merveilleux souvenir.

Phrom : Ce métier se transmet de génération en génération dans notre famille, je suis né dedans.

Si vous deviez choisir trois mots pour décrire le métier de lapidaire ?

Nuon : Rigueur, Honneur, Rareté

Léa : Excellence, Passion, Humilité

Liselotte : Gemmes, Minutie, Patience

Phrom : Beauté, Préciosité, Précision

Liselotte

Quelles sont les qualités requises pour être un bon lapidaire ?

Tous  : Un lapidaire doit être attentif, calme, patient, concentré, précis, minutieux, curieux et humble. Il est également essentiel d’avoir une bonne vision 3D.

Le métier de lapidaire est-il de plus en plus rare ?

Tous  : Oui, de plus en plus, car nous constatons que les formations de qualité sont très rares. C’est un problème pour la profession…

Avez-vous un souvenir marquant ?

Nuon : Un jour, mon chef d’atelier et moi avons eu le défi de retailler complètement une pierre de 30 carats en une journée. Sur la meule d’étain, en maintenant une pression homogène, je devais notamment agrandir la table. Je suis resté debout pendant 30 minutes pour le polissage de la table. Le lendemain j’en ai eu des courbatures mais j’étais fière d’avoir réussi.

Léa : Je me souviens des pièces exceptionnelles et confidentielles sur lesquelles nous avons travaillées. Notre esprit d’équipe a été déterminant dans l’élaboration de chaque projet.

Liselotte : Avoir eu dans les mains un rubis sang de pigeon d’exception, d’une extrême pureté.

Phrom : Je n’ai pas de souvenir marquant, je suis heureux de partager mon savoir-faire et d’être entouré de femmes au quotidien !

Quelle est la difficulté de votre métier au quotidien ?

Tous  : La difficulté est de rester attentif et calme pendant plusieurs heures, il est nécessaire de prendre des pauses pour rester concentré.

Combien de temps faut-il pour devenir un lapidaire confirmé ?

Phrom : Le lapidaire apprendra toujours de son métier. Même après plusieurs années, les pierres continuent de nous surprendre. Il faut compter 5 ans minimum mais cela dépend des expériences acquises.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes souhaitant se lancer dans le métier ?

Tous : Notre premier conseil serait de foncer, ne pas hésiter et persévérer ! Il faut être formé par de vrais professionnels.

Quels sont les objectifs d’un lapidaire ?

Tous  : Le lapidaire a plusieurs objectifs : sublimer la pierre, la tailler parfaitement, répondre à la demande client en perdant le moins de matière et le moins de temps possible.

Il nous arrive de prévenir nos clients lorsque la demande engage trop de perte sur la pierre. Nous partageons les valeurs éthiques de la Maison PIAT. Nous tenons à éviter le gaspillage de matière. La nature met plusieurs milliers d’années  à produire des pierres exceptionnelles et nous la respectons en les préservant au mieux.

Léa
Phrom
Nuon

Y a-t-il des pierres plus complexes que d’autres à tailler ?

Tous  : Oui, chaque pierre a sa dureté, sa pureté, son identité. L’émeraude est assez complexe à travailler, c’est une pierre assez fragile. Autre exemple : la Tanzanite se raye et se clive facilement.

Pourquoi avez-vous choisi les pierres de couleur plutôt que le diamant ?

Tous  : Nous voyons des pierres différentes tous les jours, nous aimons admirer leur couleur, leur intensité, leur éclat… On ne s’ennuie jamais avec les pierres de couleur !  Cette diversité est très enrichissante.

Peut-on reconnaitre la signature d’un lapidaire sur une gemme ?

Tous  : Oui tout à fait, notre chef d’atelier reconnaît le lapidaire en observant la pierre. Nous avons notre propre main et cela se voit à travers la taille de nos pierres.

Quelle est taille la plus utilisée au sein de la Maison PIAT ? Pourquoi ?

Tous : La taille que nous utilisons le plus est la taille française, aussi appelée step cut. C’est pour nous la taille qui met le plus en valeur l’éclat et la couleur de la pierre.

Pensez-vous que les machines pourront remplacer les mains de l’Homme ?

Tous : Les machines sont d’une aide indéniable mais ne remplaceront  jamais la main du lapidaire ! Nous voyons l’innovation technologique comme un support au métier. Mais une machine ne possèdera jamais la sensibilité de l’Homme lorsqu’il taille une pierre.

De quelle machine rêvez-vous demain ?

Phrom : Je ne ressens pas le besoin d’une machine.

Nuon : Moi non plus.

Liselotte : Je rêve d’une machine américaine pour pouvoir tailler des formes différentes !

Léa : Je rêve d’un appareil photo qui retranscrirait parfaitement les couleurs et de façon universelle